MarocDroit  -  موقع العلوم القانونية



L’enseignement Primaire au Maroc

     

MOHAMMED CHOUGAG

Master : Politiques Publiques de Settat



L’enseignement  Primaire au Maroc



Introduction

Depuis l’indépendance en 1956, le Maroc a entrepris de mettre en œuvre de vaste reformes de l’enseignement. L’école est devenue obligatoire pour tous les enfants marocains âgés de 6 à 13 en 19631 . A partir de cette datte, toutes les matières ont été arabisées dans les deux premières années d’école, tandis que le Français a été maintenu comme langue d’enseignement des mathématiques et des sciences dans les cycles du primaire et du secondaire.

En 1989, l’arabisation de toutes les matières dans toutes les classes des cycles du primaire et du secondaire a été achevée. Le gouvernement a mis en place plusieurs réformes visant à améliorer l’accès à l’éducation, à réduire les différences régionales en matière d’enseignement. Le Roi Mohammed VI a décidé d’instaurer une « décennie de l’éducation » couvrant la période 1999 – 2009 :la charte nationale de l’éducation et de la formation . Le ministre de l’éducation nationale a décentralisé ses services au niveau des régions en 1999, quant les72 provinces ont été réunies en 16 entités administratives régionales. Ce processus de décentralisation avait pour objectif de veiller à ce que les programmes d’éducation répondent aux besoins régionaux en assurant une gestion locale du budget. Chaque région dispose d’une académie régionale avec un directeur régional qui supervise les délégués provinciaux de la région. Les académies régionales sont également responsables de l’élaboration de 30’/. Du programme pour l’adapter aux besoins locaux, le ministère continue de gérer les 70’/. Restants.

Malgré les efforts déployés et en dépit des avancées constatées, il reste encore du chemin à parcourir.
Face a ce constat, SM le Roi Mohammed VI, dans son discours prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire à l’automne 2007, a donné ses hautes instructions pour que soit élaboré un plan d’urgence, visant l’accélération de la mis en œuvre de la réforme sur les années à venir 2 .

Devant ce constat plusieurs questions se posent :

 Dans quelles mesures les réformes entreprises jusqu’a maintenant ont pu répondre aux attentes pressantes du développement ?

 Pourquoi un plan d’urgence ? quels sont les pôles de ce plan ? ses principes ? ses objectifs ? ses stratégies ? ses limites et ses perspectives?

Pour répondre à cette problématique on a adopté le plan suivant :

Le plan

 I : Processus des réformes du système d’enseignement et l’enjeu du plan d’urgence.

1 : Chronologie des réformes du système d’enseignement Au Maroc
2 : Pourquoi un plan d’urgence
3 : Principes directeurs et objectifs

 II : Stratégies, limites et perspectives du plan d’urgence.
1 : les quartes pôles du plan
2 : ses limites
3 : ses perspectives

 Conclusion :

I : Processus des réformes du système d’enseignement et l’enjeu du plan d’urgence.

1 : Chronologie des réformes du système d’enseignement Au Maroc3

Plusieurs réformes ont été entreprises :

 La réforme de 1957 : la formation de la première commission officielle pour la réforme de l’enseignement.
 La réforme de 1958 : commission royale pour la réforme de l’enseignement.
 La réforme de 1959 : la commission de l’éducation et de la culture qui à élaboré un rapport qui s’intitule « doctrine de l’éducation »
 La réforme de 1961 : A propos de l’organisation du ministère de l’éducation nationale.
 La réforme de 1964 : idem
 1965-1967 :( plan tripe) : Mohamed ben hima avait abandonné les principes de la généralisation, l’unification et la marocanisation de l’enseignement pour des raisons financières.
 1968-1972 (plan quinquennal) : ce plan a suivi le même rythme de son précédent
 1973-1977 : (plan quinquennal) : développement de la scolarisation dans tous les niveaux de l’enseignement et la formation de ses cadres
 1978-1980 :( plan tripe) : régression de la généralisation de l’enseignement
 La réforme de 1980.
 La réforme de 1981 : comprend de projets dont le premier concerne l’enseignement primaire et secondaire.
 1981-1985 : (plan quinquennal) : diminution des dépenses de l’enseignement, régression de la généralisation et l’arabisation.
 La réforme de 1984 :(formation professionnelle)
 La réforme de 1985 : se basant sur l’enseignement fondamental
 La réforme de1987 : examen du baccalauréat.
 1988-1995 : formation professionnelle et décentralisation des universités.
 La réforme de1999 : formation d’une commission de trente quatre personnalités pour l’élaboration de la charte nationale de l’éducation et de la formation.
 En Mars 2000 : L’approbation du parlement (la charte)
 2009-2012 : le programme d’urgence.
Malheureusement, depuis la 1ere réforme jusqu’à 1999 : date de l’adoption de la charte nationale, les attentes pressantes du développement n’ont pas été atteints ce qui a conduit au recours a un plan, ou programme d’urgence pour sauver la phase.

2 : Pourquoi un plan d’urgence :

Qui dit urgence dit situation délicate et dangereuse, notre système agonise ce qui a nécessité « une opération chirurgicale » urgente.
Le rapport analytique du conseil supérieur de l’enseignement a permis de zoomer sur les différentes dimensions des dysfonctionnements de notre système d’enseignement qui s’agonise à savoir4 :
• Le Maroc dépense plus mais fait moins que les voisins (la Tunisie)
• Il ne suffit pas de dépenser plus mais mieux.
• La mauvaise gestion des charges horaires des enseignants, des programmes, les manuels, sans cohérence entre les matières, dans une pédagogie dépassée.
• Lorsqu’on découvre que les élèves à leurs sortie de 4èmé année de l’enseignement primaire ne savent ni lire, ni écrire (l’enquête pirls) : le Maroc est classé avant dernier, ce qui exige le retour aux fondamentaux, il semble que ce chantier soit un des préalables. Tout comme les questions de gouvernance, de décentralisation et de déconcentration.

3 : Principes directeurs et objectifs du programme d’urgence :

Le programme d’urgence s’articule autour des principes directeurs stratégiques qui constituent la pierre angulaire du programme et témoigne d’une approche à la fois novatrice et
pragmatique :

Placer l’apprenant au cœur du système d’éducation et de formation et mettre les
autres piliers du système à son service, à travers5 :
• Revoir l’ensemble de la problématique (vision panoramique).
• Développement multidimensionnelle.
• Des apprentissages recentrés sur les connaissances et les compétences de bases, permettant de favoriser l’épanouissement de l’élève,
• Des enseignants travaillant dans des conditions optimales et maitrisant les méthodes et les outils pédagogiques nécessaires.
• Des établissements de qualité offrant à l’élève un environnement de travail propice à l’apprentissage.
• Valoriser le savoir.

II : Stratégies, perspectives et limites du plan d’urgence

1 : les quatre pôles du plan d’urgence6.

Le plan d’urgence comprend 27 projets dont 25 orientés vers le secteur scolaire ,140 mesures et quatre pôles.
Pour l’opérationnalisation de ce plan nous avons : un niveau central, un niveau régional et un niveau local.

1. la généralisation :

- l’extension de l’offre d’enseignement.
- programme tayssir et décrochage scolaire 2012.
- transport pour 50000 élèves dans le monde rural et des bicyclettes données aux élèves.
-4.049.572 élèves ont bénéficié gratuitement de cartables, livres, fournitures scolaires dans le cadre de l’initiative royale.
‘’un million de cartable’’ pour l’année 2010/2011 comparativement à 1.273.846 élèves pour l’année 2008/2009 lors du lancement de l’initiative.
- Augmentation de 23’/. Du nombre d’élèves bénéficiaires de cantines scolaires.
- équité en faveur d’enfants à besoin spécifiques.
On a observé une augmentation importante du taux de scolarisation entre 2007 / 2008 avant le plan et 2010 /2011 deux ans de sa mise en œuvre : du 91,4 °/° à 97, 5 °/° (+ 6 °/° pour le secteur primaire) .

2. le pôle pédagogique :

ce pôle s’articule autour :
- la pédagogie d’intégration, l’amélioration du dispositif pédagogique
- la communication et l’orientation.
- la vie scolaire qui comprend quatre axes essentiels : santé scolaire, environnement, culture et citoyenneté et droit de l’Homme.
- les clubs pédagogiques pour activer et dynamiser les activités de la vie scolaire.
- enseignants maitrisant les méthodes pédagogiques, surtout la pédagogie d’intégration
- guide du suivi individuel de l’apprenant

3. la gouvernance :

ce pôle vise à :

- renforcer les compétences du personnel enseignant.
- optimiser la gestion des ressources humaines et financières.
- parachever la mise en œuvre de la décentralisation / déconcentration.
- mettre en place un système d’information et d’orientation efficient.
- Récupérer les 2,2 Milliards de DH perdus par l’abandon scolaire.
- Donner l’occasion au maximum d’apprenants d’arriver à obtenir leur bac(parmi 100 élèves qui rentre au primaire , seulement 13 d’entre eux arrivent à obtenir leur bac ).

4. les ressources humaines :

ce pôle cherche à assurer :

- un renforcement des compétences du personnel enseignant.
- la formation continue.
- l’auto-formation
- programme Nafida
- une motivation de ces ressources par le biais d’une promotion soit par ancienneté soit par examen.
On ne peut parler de développement sans ressources humaines compétentes et capables de mettre en œuvre la dite réforme : comment mettre en œuvre une politique d’enseignement avec une formation de 6 mois des enseignants ? !
.
2: Les limites du plan.

Parmi les problèmes qui empêchent le développement de l’enseignement primaire :
• Absence de la motivation et l’engagement des enseignants.
• Manque d’investissement sur la formation continue.
• Absence d’un système d’évaluation responsabilisant et valorisant.
• Pour les enseignants qui travaillent dans les zones difficiles, il faudra une plus grande implication des responsables locaux pour la prise en charge des difficultés liées à cet environnement (transport, logement, sécurité). Plusieurs initiatives sont déjà prises, mais elles demeurent en deçà des exigences de la situation.
• La généralisation de la langue amazighe7 : L’amazighe constitue une langue officielle de l’Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception.
• La généralisation de l’enseignement préscolaire.
• L’enclavement de certaines zones rurales
• La vision sectorielle
• Les habitations dispersées dans le monde rural empêchent :
-La généralisation de l’électrification et de l’eau potable.
- la facilitée de l’accès aux écoles …
• la carence en matière de l’élément humain qui constitue la principale entrave et devant le rythme actuel de développement de l’enseignement de cette langue, il nous faudra encore 70 ans pour la généraliser8 .
3 : Les perspectives du plan.
le plan d’urgence se décline en quatre principales sections, présentées sous forme d’espace de travail :
1) rendre effective, l’âge obligatoire de scolarisation, jusqu’à 15 ans.
2) stimuler l’initiative et l’excellence au lycée et à l’université .
3) affronter les problématiques transversales du système.
4) se donner les moyens de réussir.
Ingénieusement charpenté, le programme « NAJAH » adopte en un total de vingt trois projets, une démarche manifestement innovante .A la dissection du premier espace émergent dix projets résolument réformateurs :
 Développement du préscolaire,
 Extension de l’offre de l’enseignement obligatoire,
 Mise à niveau des établissements,
 Egalité des chances d’accès à l’enseignement obligatoire,
 Lutte contre le redoublement et le décrochage scolaire,
 Développement de l’approche genre dans le système d’éducation et de formation,
 Equité en faveur d’enfants à besoin spécifiques,
 Recentrage sur les savoirs et les compétences de base,
 Amélioration de la qualité de la vie scolaire,
 Des enseignants travaillant dans des conditions optimales et maitrisant les méthodes et les outils pédagogiques nécessaires.
 Des établissements de qualité offrant à l’élève un environnement de travail propice à l’apprentissage.


Conclusion :

Le plan d’urgence a été accompagné par la signature de neuf conventions de partenariat9, cela reflète la mobilisation de l’ensemble des établissements, des autorités et des acteurs pour contribuer au coté du ministère à la réhabilitation de l’école publique ; levier essentiel pour la réussite du projet du développement démocratique et moderniste du Maroc.
1) Avec : le ministère de l’intérieur (coordination) .
2) Ministère de la jeunesse et des sports (la promotion du sport scolaire).
3) partenariat avec le ministère de la culture (la formation continue, les bibliothèques, lecture publique…).
4) Avec le secrétariat d’Etat chargé de l’eau et de l’environnement (Education environnementale et développement durable …).
5) Haut commissariat aux eaux et forêts et contre la désertification (la préservation de l’environnement forestier à travers l’aménagement de l’espace naturel de l’école …).
6) Avec l’ONEP : approvisionnement des établissements scolaires en eau potable.
7) Avec l’ONE : l’accès des établissements scolaire au milieu rural au réseau électrique
8) Avec l’OFPPT : office de formation professionnelle de la promotion du travail : vise à accompagner le programme génie en termes de formation et d’appui des capacités des formateurs de l’office en matière d’information …
9) Avec l’ANRT : (agence nationale de réglementation des télécommunications), généralisation des technologies de l’information et de la communication dans le système d’éducation.
Près de 40 mds de MAD supplémentaires pour la période 2009/2012, portant à 28°/° du budget des dépenses de l’Etat dans ce secteur.
Malgré les efforts déployés et en dépit des réformes entreprises notre système d’enseignement est en plein crise est ceci pour diverses raisons à savoir :
 La réforme doit sortir de la théorie et de la paperasse à la pratique.
 Un développement sans enseignant est un développement contre les enseignants et bien sûr contre notre école.
 L’absence d’une volonté politique.
 L’absence, comme AMARTYA SEN l’appelle, de la capabilité.
L’analyse systémique démontre que la vision de la réforme doit être multidimensionnelle et pluridisciplinaire.
On a malheureusement raté le rendez-vous avec le développement mais il n’est jamais trop tard


Bibliographie :

–Diyen, Hayet « réform of secondary éducation in Morocco : challanges and prospects”2004


___Rapport de synthèse du programme d’urgence 2009 – 2012

–Rapport analytique du Conseil supérieur de l’enseignement.

– Article 5 de la constitution du Royaume du Maroc 2011.

– Revue Aujourd’hui le Maroc « développement de l’enseignement de l’amazigh de 1,5’/. (article publié à aujourd’hui le Maroc en 2010 ; enseignement de la langue Amazighe, la généralisation n’est pas pour demain,

- plan d’urgence 2009/2012
-
عالم التربية – مجلة فصلية تعنى بقضايا التربية و التعليم ( التربية
والحداثة )


Les Renvois
ــــــــــــــــــــــــــــــــــــ
1 –Diyen, Hayet « réform of secondary éducation in Morocco : challanges and prospects”2004
2 Rapport de synthèse du programme d’urgence 2009 – 2012
3 – Réforme du système d’enseignement au Maroc
(عالم التربية – مجلة فصلية تعنى بقضايا التربية و التعليم ( التربية والحداثة )
4 –Rapport analytique du Conseil supérieur de l’enseignement.
5 - idem
6 - Le plan d’urgence 2009.
7 Article 5 de la constitution du Royaume du Maroc 2011 .
8 –Revue Aujourd’hui le Maroc « développement de l’enseignement de l’amazigh de 1,5’/. Par an (article publié à aujourd’hui le Maroc en 2010 ; enseignement de la langue Amazighe , la généralisation n’est pas pour demain )
9 – MAP :Agence Marocaine de presse


 




الاحد 3 فبراير 2013

عناوين أخرى
< >

الثلاثاء 26 مارس 2024 - 18:55 Au fil de l’eau : l'innovation hydrique au Maroc


تعليق جديد
Twitter